Les ESCAPADES polissonnes du père Furet
Après avoir fait la lecture des messages de la nuit, et avant de me lancer dans la lecture de vos posts pathétique, sympatiques, thématiques, nautiques, agronomiques, lymphatiques et zygomtiques, je me lance dans une lecture des choses de la vie. La tristesse des évènements, les déconnades de la bourse, les entourloupettes de nos dirigeants internationaux et le malversations politiciennes.
Mais ce matin mon regard fut attiré par quelque chose d'autre, la vie des gens, la vie d'un gens, d'un gars et de ses frasques un tantinet cochonnes, quoique sainement saines et aussi de rapacité. Ch'te la livre in extenso :
Célibataire endurci, Furet devait son surnom à ses escapades coquines au bout du lac. En plus, le bonhomme était d'une sordide avarice avec le personnel des restaurants où il prenait ses quartiers.
Tabellion de banlieue, Furet, rougeaud, quinquagénaire et ventripotent, célibataire endurci, devait son surnom au fait que chaque vendredi, il s'éclipsait vers la cité du bout du lac où de délicieuses coquines lui prodiguaient certains soins hygiéniques qu'il eut été bien en peine de trouver dans le prude Valais d'alors. Le jour choisi pour ses «excursions» polissonnes n'était pas exempt d'innocence. Il lui permettait d'aller à confesse le samedi et de s'approcher de la sainte table le dimanche aux fins d'y recevoir le corps du Christ, le coeur lavé de tous péchés. Détail piquant, le notaire méticuleux tenait une comptabilité rigoureuse où le coût de ses escapades
genevoises figurait sous la rubrique «dons aux indigents de
la paroisse». Ces libéralités récompensaient en fait la grosse Lulu et la frêle Zita. Car pour s'activer auprès d'un gaillard puant du goulot, atteint de phimosis et à la propreté plus que relative, il fallait faire preuve d'abnégation, voire d'héroïsme. Plus grave cependant que ces galipettes, somme toute excusables de la part d'un vieux garçon, était le comportement odieux du personnage à l'égard des serveuses et serveurs des établissements où il avait pris ses invalides. Le père Furet raffolait d'un risotto au safran, spécialité d'un hôtel aujourd'hui disparu. – Garçon, d'où provient ce safran? – Ma foi, monsieur, je vous avoue que, piémontais d'extraction, je ne sais pas trop! – Suffit, espèce d'ignare qui ne connaissez pas votre métier. Sachez que le safran est issu du crocus cultivé pour ses fleurs dont le stigmate fournit une teinture jaune et une poudre servant d'assaisonnement. Et où trouve-t-on du safran en Valais? – Ma foi, monsieur, je l'ignore, bredouilla le loufiat. – A Mund, au-dessus de Brigue, espèce d'abruti. Donnez-moi l'addition! Cette dernière fut réglée au centime près. Sur le pas de la porte, rageur, notre irascible dîneur éructa en direction du jeune homme médusé: – Quand vous connaîtrez la gastronomie et la géographie, je vous refilerai un pourboire, mon ami! Le surlendemain, cet épouvantable commanda une Williamine en guise de digestif. – Délicieuse oiselle, de quel fruit provient cette adorable fine? – Mon cher Monsieur, je ne sais point trop. – Apprenez, gente gazelle que cet élixir est issu d'une juteuse poire d'été à la chair fine et très cultivée. Sur ce, notre guignol s'en fut sans lâcher le moindre sou de «pourliche». Ce qui incline à penser que toute cette frime ne consistait qu'à masquer une sordide a varice.
Beau savoir vivre